Les villages perchés du Luberon

Une histoire vieille de mille ans

Emblématiques des paysages du Parc du Luberon, les villages se sont développés autour des châteaux du Moyen-Age. « Perchés » sur les hauteurs, on pouvait voir venir l’ennemi et lui rendre la tâche bien difficile. Durant un millénaire, ils se sont agrandis, ont traversé de graves crises et vécus de belles renaissances. Témoignage de la riche histoire du Luberon, les villages évoluent encore aujourd’hui en mêlant préservation du patrimoine architectural et paysager et développement.

Le village de Saignon au coucher du soleil (photo PNRL - Jérémie Haye)
Le village de Saignon au coucher du soleil
© PNRL - Jérémie Haye

Si l’origine des groupements d’habitation serait antérieure à la période romaine (les oppida celto-ligures présentaient déjà un habitat très dense, groupé sur un éperon rocheux et barré d’une muraille), le semis d’agglomération que nous connaissons aujourd’hui s’est formé pour l’essentiel, entre le Xe et le XIIIe siècle. De l’Antiquité ne survivent que les deux cités épiscopales d’Apt et de Cavaillon. Le regroupement de l’habitat autour du castrum, résidence-symbole du pouvoir seigneurial implanté sur un relief choisi pour son intérêt stratégique, s’est fait progressivement. Il a été accompagné et facilité par un flux démographique de longue durée et une mutation économique.
La construction des terroirs agricoles a succédé à l’exploitation extensive, à dominante pastorale, du Haut Moyen Age. Leur répartition concentrique traduit, à la fois l’intensité de la mise en valeur et l’émergence de pratiques collectives : jardins et vergers, vignes et près de fauches, cultures et céréales, et au-delà bois et landes.

Autour du château médiéval

Le château, noyau initial du village, comptait à l’origine les demeures d’un ou plusieurs co-seigneurs et des chevaliers qui les servaient. Ils ont, très vite, attiré autour d’eux des artisans, puis les paysans du voisinage, et dans certains cas des commerçants.
L’agglomération a spontanément adopté des caractères urbains : maisons mitoyennes et rues organisées en plan concentrique (Lourmarin) ou en éventail plus ou moins ouvert (Ansouis). Elle a ultérieurement reçu une fortification, dès le XIIe siècle (Pertuis et Manosque), au XIIIe siècle (La Tour d’Aigues et Cucuron), le plus souvent XIVe siècle. Le développement du village a souvent laissé en marge l’église paroissiale et le cimetière, volontairement exclus des premières fortifications et réintégrés dans l’ensemble des accroissements ultérieurs.

Essai de reconstitution du village de Mérindol
du XIIe au XVIe siècle

Crises et renaissances d’hier et d’aujourd’hui

Le Moyen Age a pris fin dans une crise générale de grande ampleur (famines, pestes, guerres), qui a provoqué la désertion de nombreux villages. Quelques-uns n’ont jamais été repeuplé (Castillon), beaucoup d’autres ont connu une renaissance.
A partir du dernier quart du XVe siècle, un courant d’immigration (venu des Alpes, du Massif Central ou de plus loin) a permis de reconquérir les terroirs à l’abandon. Quelques villages ont été reconstruits (Cabrières d’Aigues), d’autres ont été déplacés (Peypin d’Aigues) ou remplacés par un habitat dispersé (Buoux). Le nouveau flux démographique a aussi profité aux agglomérations restées vivantes dont certaines ont connu, à cette époque ou plus tard, un accroissement important, traduit par des lotissements au tracé orthogonal (Cadenet au XVIe siècle, Lauris au XVIIIe siècle).

Commencé dans les années 1850, l’exode rural a interrompu pourtant le développement villageois et accumulé les ruines dans les quartiers les plus anciens. Ces derniers ne seront réinvestis qu’à partir de la fin des années 1960, par des résidences secondaires dans un premier temps, complétés ensuite par de nouveaux quartiers résidentiels, témoins de la nouvelle attractivité des villages du Luberon.

— L’empreinte vaudoise

Les chutes démographiques des XIVe et XVe siècles entraînent l’abandon des terres et la désertion de nombreux villages. Les vaudois sont attirés par des actes d’habitation consentis par les seigneurs qui trouvent en eux une main d’œuvre inespérée.

D’origine alpine, ils repeuplent de façon spectaculaire la région et les villages de Cabrières d’Aigues, Lourmarin ou Mérindol, prélude à un renouveau économique.

En 1545, Jean Meynier, baron d’Oppède, alors président du Parlement de Provence, relancera par l’arrêt de Mérindol, la répression des hérétiques et commettra de véritables massacres (destruction de onze villages dans le Luberon, dont Mérindol).

Les villages vaudois du Luberon (Dessin JM Kacedan - Gallimard)
Les villages vaudois du Luberon
Dessin JM Kacedan - Gallimard

LE SAVIEZ-VOUS ?

L’installation des villages sur les hauteurs est étroitement liée au contexte politique de chaque époque. En temps de guerre ou d’instabilité, on s’établit sur un promontoire d’où l’on peut se défendre, alors qu’en temps de paix, on investit les plaines fertiles plus facilement. Ainsi, l’histoire des villages du Luberon est une succession de perchements (1.Néolithique / 3.Moyen Age) et de déperchements (2.Période romaine / 4.Renaissance jusqu’à aujourd’hui).

PLUS D'INFOS

> BARATIER (E.) (dir), Histoire de la Provence, Toulouse, Privat, 1969

> Collectif, Le pays d’Apt, ville et villages. Histoire, société et économie, du Moyen Age à nos jours, Apt, Archipal, 2002

> FEVRIER (P.A.) (dir.), Inventaire général des Monuments et Richesses artistiques en France, Pays d’Aigues, Cantons de Pertuis et de Cadenet, Paris, Imprimerie Nationale, coll. Inventaire topographiques, 1981

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Photo du bandeau : Le village de Dauphin dans les Alpes-de-Haute-Provence © Hervé Vincent

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