Le Parc du Luberon a rejoint en 2015 le programme de recherche et de gouvernance « Alpages sentinelles », pour étudier les zones pastorales des crêtes du Grand Luberon. Les objectifs :
- mieux comprendre l’évolution des différents milieux et le rôle qu’ont les pratiques pastorales, les dynamiques végétales et le changement climatique sur cette évolution ;
- et collaborer étroitement entre gestionnaires des espaces naturels et éleveurs et bergers.

(photo PNRL-Sophie Bourlon)
Le contexte
Intégrées au réseau européen des sites Natura 2000, les pelouses sommitales du Grand Luberon entretenues par l’activité pastorale représentent un patrimoine écologique et culturel remarquable.
Face aux effets de la canicule de 2003 et des sécheresses des années suivantes, il apparaît nécessaire d’adapter les pratiques de pâturage dans le contexte de changement climatique, et donc d’étudier cette évolution.
Le réseau “Alpages sentinelles” : un espace de dialogue pour anticiper les aléas climatiques
Le réseau “Alpages sentinelles” est né dans le Parc national des Écrins en 2008 et s’est ensuite élargi en Vanoise, dans le Vercors, la Chartreuse, le Luberon (2015), le Mont-Ventoux, le Mercantour et la vallée de l’Ubaye.
Basé sur le dialogue et la coopération, ce dispositif est animé dans le Luberon par le CERPAM (Centre d’études et de réalisations pastorales Alpes-Méditerranée) et le Parc du Luberon. Il associe éleveurs et bergers, techniciens agricoles et pastoralistes, chercheurs (écologues, agronomes, climatologues) et gestionnaires d’espaces protégés.
“Alpages sentinelles” permet d’étudier différents paramètres physiques, naturels et humains pour comprendre et anticiper l’impact des changements climatiques et des changements de pratiques pastorales sur les parcours dans le Parc naturel régional du Luberon et le Parc du Mont-Ventoux.

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Plusieurs analyses et suivis sont mis en place dans le cadre de ce dispositif. Ils prennent en compte :
- les conditions climatiques,
- les dynamiques des milieux semi-naturels (en termes de biodiversité et de ressource pastorale),
- les pratiques et la gestion pastorale de l’alpage,
- les logiques de fonctionnement des exploitations agricoles.
“Alpage sentinelles” vise à suivre les évolutions sur le moyen et long terme. Il partage les observations de terrain qui servent de support aux discussions et réflexions autour de la gestion de l’alpage en concertation avec les différents acteurs.
L’objectif étant de répondre à la question : comment protéger les alpages qui subissent des accidents météorologiques croissants avec le changement climatique en cours ?
Télécharger les résultats du programme Alpages sentinelles dans le Luberon et le Mont-Ventoux pour :
L’évolution du climat des crêtes du Grand Luberon depuis 50 ans
L’évolution du climat depuis 50 ans a été suivie à partir de la reconstitution des données météo précisément localisées (stations SAFRAN de Météo-France).
Les valeurs analysées pour les crêtes du Grand Luberon sont issues d’une extrapolation des données d’une station virtuellement située au sud du Mourre Nègre à 644 m d’altitude.
Le constat a été fait que les températures maximales moyennes ont augmenté de 2° C sur les crêtes du Grand Luberon en 50 ans.
Sur le graphique ci-après, des cycles dans la courbe des précipitations sont perceptibles avec des écarts moyens de près de 400 mm de pluie entre les périodes les plus creuses et les pics. Les cycles observés sont d’environ 10 ans. Il apparaît une répétition d’années difficiles (2 à 4 années) avant le retour de précipitations plus importantes (cercles rouges sur le graphique.
Données des stations SAFRAN de Météo-France de 1960 à 2013.
Analyses des pratiques pastorales
Les pratiques pastorales sont suivies tous les ans afin d’évaluer la capacité d’adaptation des systèmes pastoraux à des aléas climatiques plus fréquents et plus intenses dans le cadre d’un changement global en cours. Chaque berger remplit un calendrier de pâturage permettant de connaître les secteurs utilisés et les circuits des animaux.
En fin de saison, une tournée de fin de pâturage permet de partager les perceptions en évaluant le niveau de consommation d’herbe et de feuillage sur les arbustes présents et, ainsi, de mieux comprendre le comportement du troupeau et l’évolution du tapis herbacé. Elle permet aussi de visualiser des zones nécessitant des adaptations de pratiques ou des travaux complémentaires de restauration des pelouses (en lien avec les actions Natura 2000).
Marges de manœuvre sur l’une des exploitations suivies
Face à des épisodes d’aléas climatiques il est important que les troupeaux aient accès à une diversité de milieux notamment des sous-bois permettant d’offrir une ressource en herbe y compris en période de sécheresse.
Il a été relevé que des surfaces importantes pouvaient être mobilisées avec une complémentarité des surfaces de l’exploitation : milieux pastoraux pâturés, prairies temporaires pâturées et fauchées.
— Conclusions
Parce qu’ils assurent l’alimentation de nombreux troupeaux en période estivale, les 3 000 alpages recensés dans le massif alpin sont des espaces essentiels pour nos systèmes d’élevage. Ils abritent, comme sur le massif du Luberon et le mont Ventoux, une biodiversité exceptionnelle préservée dans le cadre du programme européen Natura 2000 et s’accompagnent d’usages variés (randonnée, chasse, exploitation forestière…).
Or, les évolutions climatiques, à l’image des sécheresses récurrentes depuis les années 2000, fragilisent fortement ces milieux. Les acteurs de ces parcours (éleveurs, bergers, élus, Parcs naturels régionaux du Luberon et du Mont-Ventoux, Office national des forêts, scientifiques, techniciens pastoralistes) réfléchissent ensemble via une gouvernance partagée pour répondre au défi collectif du changement climatique en tâchant de mieux comprendre ses conséquences afin d’aider éleveurs et bergers à s’y adapter.
Les retours d’expérience du dispositif « Alpages sentinelles » mettent en avant quelques idées clefs pour mieux comprendre la situation. Bien que l’anticipation des effets du changement climatique reste complexe et l’adaptation délicate, ils aident à mieux appréhender les liens entre les facteurs météorologiques et l’évolution des végétations pastorales.
— Présentation de la zone pastorale du Grand Luberon et du programme Alpages sentinelles
Avec Christian Vachier-Moulin et Dominique Raymond, éleveurs, et Sophie Bourlon, animatrice Natura 2000 au Parc du Luberon.
LE SAVIEZ-VOUS ?
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> Parce qu’ils assurent l’alimentation de nombreux troupeaux en été, les 3 000 alpages recensés dans le massif alpin sont des espaces clés pour nos systèmes d’élevage. Ils abritent une biodiversité exceptionnelle et sont utiles aux hommes et aux femmes pour des activités économiques ou récréatives (randonnée, chasse , exploitation forestière…).
> Les évolutions climatiques (sécheresses, etc.) fragilisent fortement ces milieux.
PLUS D'INFOS
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> Lire l’article du Courrier scientifique n° 16 : “Les alpages sentinelles : un espace de dialogue pour s’adapter aux conséquences du changement climatique sur les parcours pastoraux d’altitude”
> Voir le site du réseau “Alpages sentinelles”
> Voir l’article sur le site Natura 2000 du Grand Luberon
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